26 janvier 2014

Gaston Georgel : Les Rythmes dans l’Histoire (fragment)

Voir René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (texte intégral)

Ce livre constitue un essai d’application des cycles cosmiques à l’histoire des peuples, aux phases de croissance et de décadence des civilisations ; il est vraiment dommage que l’auteur, pour entreprendre un tel travail, n’ait pas eu à sa disposition des données traditionnelles plus complètes, et que même il n’en ait connu quelques-unes qu’à travers des intermédiaires plus ou moins douteux et qui y ont mêlé leurs propres imaginations. Il a cependant bien vu que ce qu’il y a d’essentiel à considérer, c’est la période de la précession des équinoxes et ses divisions, encore qu’il y adjoigne quelques complications qui semblent assez peu utiles au fond ; mais la terminologie adoptée pour désigner certaines périodes secondaires trahit bien des méprises et des confusions. Ainsi, le douzième de la précession ne peut certainement pas être appelé « année cosmique » ; ce nom conviendrait beaucoup mieux, soit à la période entière, soit plutôt encore à sa moitié qui est précisément la « grande année » des Anciens.
D’autre part, la durée de 25 765 ans est probablement empruntée à quelque calcul hypothétique des astronomes modernes ; mais la véritable durée indiquée traditionnellement est de 25 920 ans ; une conséquence singulière est que, en fait, l’auteur se trouve parfois amené à prendre des nombres exacts pour certaines divisions, par exemple 2 160 et 540, mais qu’alors il les considère comme seulement « approximatifs ». Ajoutons, encore une autre observation à ce propos ; il croit trouver une confirmation du cycle de 539 ans dans certains textes bibliques qui suggèrent le nombre 77 x 7 = 539 ; mais, précisément, il aurait dû prendre ici 77 x 7 + 1 = 540, ne fût-ce que par analogie avec l’année jubilaire qui n’était pas la 49ème mais bien la 50ème, soit 7 x 7 + 1 = 50. Quant aux applications, s’ils s’y trouve des correspondances et des rapprochements non seulement curieux mais réellement dignes de remarque, nous devons dire qu’il y en a d’autres qui sont beaucoup moins frappants ou qui même semblent quelque peu forcés, au point de rappeler assez fâcheusement les enfantillages de certains occultistes ; il y aurait aussi bien des réserves à faire sur d’autres points, par exemple les chiffres fantaisistes indiqués pour la chronologie des anciennes civilisations. D’autre part, il eût été intéressant de voir si l’auteur aurait pu continuer à obtenir des résultats du même genre en étendant davantage son champ d’investigations, car il y a eu et il y a encore bien d’autres peuples que ceux qu’il envisage ; en tout cas, nous ne pensons pas qu’il soit possible d’établir un « synchronisme » général, car, pour des peuples différents, le point de départ doit être également différent ; et, de plus, les civilisations diverses ne se succèdent pas simplement, elles coexistent aussi, comme on peut le constater encore actuellement. En terminant, l’auteur a cru bon de se livrer à quelques tentatives de « prévision de l’avenir », d’ailleurs dans des limites assez restreintes ; c’est là un des dangers de ces sortes de recherches, surtout à notre époque où les soi-disant « prophéties » ont tant de vogue ; aucune tradition n’a certes jamais encouragé ces choses et c’est même pour y faire obstacle dans la
mesure du possible plus que pour tout autre raison, que certains côtés de la doctrine des cycles ont toujours été enveloppés d’obscurité.

Voir René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (texte intégral)

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